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La vie de Philippe Des Portes est curieuse. Il fut d’abord clerc, à Paris, chez un procureur. Mais il plut trop à la procureuse, qui était jolie. Et un jour qu’il rentrait d’une course en ville, il trouva, pendu au maillet de la porte de l’allée, un paquet « avec cet escriteau : Quand Philippe reviendra, il n’aura qu’à prendre ses hardes et s’en aller. » Philippe s’en alla, jusqu’en Avignon. Et là, comme il était posté « sur le pont où les valets à louer se tiennent », attendant qu’un majordome vint l’engager pour n’importe quelle basse besogne, « il entendit quelques jeunes garçons qui disoient : M. l’evesque du Puy a besoin d’un secrétaire. » Il se présenta, fut agréé, et, à peine en charge, ne put faire mieux que de se rendre amoureux de la nièce du prélat, une demoiselle de Senneterre. Mais il dut bientôt suivre l’évêque par delà les monts ; c’est là qu’il se familiarisa avec les œuvres du Pétrarque, du Bembe et de l’Arioste ; c’est alors qu’il s’imprégna de la douceur italienne, et commença de remplacer par elle, en son œuvre, les sévérités grecque et latine qui avaient primé parmi les poètes de la Pléiade. En ce changement de ligne consiste surtout l’évolution littéraire qu’il