Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 29 —

maître. Sur un ordre formel, il dut revenir avec elle à la Cour, à Fontainebleau. Le péril devenait grave, d’autant que la belle Charlotte-Marguerite était de connivence avec son royal amant et s’affichait très encline à lui céder. Condé prit un parti décisif. Il la fit enlever et, sans s’arrêter à ses larmes, conduire à Bruxelles, une moitié du chemin en carrosse et l’autre en croupe de l’un de ses gentilshommes. Des gardes, des émissaires, envoyés pour les arrêter et les ramener de vive force, les manquèrent de peu. Henri IV en devint presque fou de rage. Il faillit déclarer la guerre à l’Archiduc d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, et au prince d’Orange. Il essaya même d’un hardi coup de main, avec la complicité de la princesse, pour la reprendre. Mais elle était bien gardée — c’est ce que Malherbe appelle la Captivité d’Oranthe — et elle ne reparut en France qu’après l’avènement de Louis XIII.


Malherbe exprima-t-il, dans ses Stances, toutes ces ferveurs, toutes ces fureurs, toutes ces rancœurs d’un sentiment qu’il ne manifestait que par procuration ? Eh ! non. André de Chénier dit : « Les vers qu’il a