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sur sa table, et Racan lui demanda s’il approuvoit ce qu’il n’avoit point effacé : Pas plus que le reste, dit-il. Cela donna sujet à la compagnie, et entr’autres à Coulomby, de lui dire que si l’on trouvoit ce livre après sa mort, on croiroit qu’il auroit pris pour bon ce qu’il n’auroit point effacé ; sur quoi il lui respondit qu’il disoit vray, et tout à l’heure il acheva d’effacer tout le reste. »


Un mauvais plaisant s’aviserait-il de faire subir à Malherbe lui-même le même traitement ? — je dis mauvais plaisant, quand je pourrais employer quelque autre terme, car enfin l’histoire littéraire note de plus complets revirements, et de moins équitables ! — il n’aurait certes pas tant de travail à couvrir de traits d’encre la centaine de pages, ou cent cinquante, dont se compose l’œuvre du gentilhomme bas-normand que celui-ci en eut à oblitérer l’imposant et compact in-folio du Vendômois. Et, par un juste retour des choses, nous en sommes venus à penser que, quand bien le critique entendrait, plus raisonnablement, sauver ce qui demeure très bon et très beau, il ne saurait laisser vierges que quelques suites de quelques vers.