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Du vingt-huit May. Jubilizée.


Quand je m’informe chaque jour,
A ceux qui viennent de la Cour,
De ce qui s’y dit et s’y passe ;
On me répond que l’on y chasse.
Que nonobstant l’humide temps,
Pluzîeurs y sont assez contents.
Et qu’un Balet on y prépare,
Qu’on trouvera d’autant plus rare
(Et presque sans original)
Qu’il se doit danser à cheval.
Par des Messieurs et par des Dames,
A la lueur, mesmes, des flâmes
De plus de cent flambeaux ardans
Pour éclairer les regardans.
Dans un Champ, Prairie, ou Pelouze,
Et vers le soir entre onze et douze.
Une Dame de qualité,
De vertu, d’esprit, de beauté.
Et que je tiens plus que fidelle,
M’a fait part de cette nouvelle,
Sur le raport frais et nouveau
D’un Homme de Fontainebleau.

Hâ, ma-foy, si je ne me trompe,
Ce Balet aura de la pompe,
Et sera tout à fait galant,
Royal, éclatant et brillant ;
C’est ainsi qu’on se le propoze :
Mais comme c’est Dieu qui dispoze
De tous les desseins, ou projets,
Tant des Roys, que de leurs Sujets,
Je ne dois pas, si je suis sage,
En parler, icy, d’avantage ;
Mais nôtre Muze en jazera
Quand la choze réussira,