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France. Il ne sortit donc plus de sa petite patrie indépendante, et mourut là même où il était né, en 1686.

Il était resté fidèle aux Montmorency jusqu’après que le Duc, qui avait embrassé la cause de Gaston d’Orléans, pris à la déroute de Castelnaudary, eut été décapité pour crime de haute trahison. Aux heures de la brillante fortune, il chantait les faits d’armes sur terre et sur mer, les rentrées illustres de Languedoc, les grands retours d’Italie. Il chantait, sous le nom de Silvie, « belle », « unique », « incomparable », l’épouse du duc. Il évoquait les Nymphes et les Nayades de la demeure favorite. Et comme on ne peut bien louer une chose qu’en dénigrant l’autre, Mairet ne magnifiait Chantilly qu’aux dépens de Fontainebleau. Il aurait pu marquer plus de reconnaissance pour le théâtre de ses débuts, pour le château qui l’avait vu, de petit écolier provincial, presque étranger, devenir poëte en vue et personnage de marque à la suite d’un Grand. Il ne figure donc ici que comme le soldat railleur des Triomphes romains, qui courait devant le char, et insultait au Victorieux.