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Ces Dieux rauis de la présence
De tant d’agréables objects
Formoient desja mille projects
Pour en auoir la jouïssance :
Chacun exposoit deuant vous
Leurs contentemens les plus doux
Et leurs raretez nonpareilles
Pour vous attirer par leurs jeux
Et par leurs charmantes merueilles
A vivre dans les bois comm’eux.

Ils vous presentoient des Ombrages
Si calmes, si verds, et si fraiz,
Qu’on n’y sentit jamais les traicts
Ny du Soleil, ny des orages ;
Ils vous faisoient voir des Valons,
Des Prez, des Rochers, des Sablons,
Des Précipices, des Montaignes ;
Et toutes ces diuersitez
De Ruisseaux, de Bois, de Campaignes
Qu’habitent ces Diuinitez.

Vertumne et sa chère Pomone
Prenant la forme d’un Oyseau
Paroissoit sur vn Arbrisseau
Comme sur vn florissant trône ;
Là parmy des feuillages verds
Ils monstroient les trésors diuers
Qui chargeoient ces fécondes branches
Vous inuitant par vn doux bruit
A cueillir auec vos mains blanches
Le plus délicat de leur fruit.

Flore et son amoureux Zephire
Faisoient briller sur mille fleurs
Les plus esclatantes couleurs
Pour vous faire aymer leur empire ;