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nom de Daphnis, et se met à chanter une longue déploration funèbre du grand Tityre (c’est Desportes)…


Quand deux jeunes Bergers, revenant des pâtis
De Fontaine-belleau, menans, bien que petis,
Beus, chevres et moutons, et valais en grand nombre,
Passerent devers l’antre, où Daphnis dessous l’ombre
Antonnoit la disgrace et le triste malheur
Que l’angageoient au frain d’une amaire douleur.
Ils aloient à leurs parcs, à leur belle prairie
De Fontenay, luisant comme un Astre en la Brie,
Que l’ayeul au Berger, le viens Preudhome avoit
A son gré fait batir à l’heure qu’il vivoit.
L’aîné nommé Caudale, étoit de couleur brune,
Le puisné, revetu de blancheur non commune
Se nomoit La Valette, et ces freres germains
Etoient parans d’un Roy le premier des humains
Et les fiz d’un grand Duc qui sous luy, par les armes.
Conduit les gens de guerre invincible aux alarmes.


Messieurs de Caudale et de La Valette, fils du duc d’Épernon, racontent au berger improvisé les solennités auxquelles ils viennent de prendre part, et finissent par obtenir de lui qu’il cesse sa lamentation pour faire chanter à ses pipeaux une ode Sur le Bataime. On voit que Claude Garnier vivait surtout d’encens, — de l’encens qu’il brûlait au nez des grands personnages. Plusieurs de ses autres ouvrages donnent la même indication. C’est un Chant pastoral sur le trespas de feu Monseigneur le Che-