Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 103 —

Auprés de cette grotte sombre
Où l’on respire un air si doux,
L’Onde lutte avec les Cailloux,
Et la lumière avecque l’ombre…

C’est un des miroirs où le Faune
Vient voir si son teint cramoisy,
Depuis que l’Amour l’a saisy,
Ne seroit point devenu jaune.

L’ombre de ceste fleur vermeille
Et celle de ces joncs pendans
Paroissent estre là dedans
Les songes de l’eau qui sommeille.


Ces strophes, gracieuses, et la dernière sans égale, — avec l’interruption de rêverie que met entre chacune la rencontre de rimes féminines, — sont-elles pas dignes de nos Fontaines aux belles eaux ? Si de tels vers n’ont été faits pour Elles, c’est qu’on les leur a volés, comme disait Valentine de Milan lorsqu’elle couvait des yeux un bâtard de son époux, plus beau que les fils légitimes.