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connoissoit, me retira d’entre leurs mains, disant qu’il me tiendroit en sa garde, et que n’estois pas un Gentilhomme à mal traiter : et m’amena droit en son logis. »


Ce morceau ne mérite-t-il pas d’être conservé à cause du tableau qu’il nous offre, esquissé d’un bref et précis coup de crayon, de ces gardes faisant la haie dans la cour du Donjon, ou dans la récente cour de Henri IV, en attendant le retour de la chasse du roi ? Et n’est-ce pas une scène bien pittoresque que celle qui nous montre ce jeune mélancolique heurté dans une allée déserte par un maladroit, puis menacé et bondissant à l’outrage ; ce « jeune présomptueux » allant punir son insolent jusque sous les piques des gens d’armes. Mais, après l’emportement, la réflexion !


« Ma fougue estant passée, la crainte du péril où j’estois vint refroidir le sang qu’avoit fait bouillir la colère : je commençay de me repentir de mon impatience, et de faire des vœux pour le salut de celuy que je voulois perdre. Cinq ou six soldats de la compagnie du Lieutenant qui me fit un tour d’amy, vinrent de temps en temps les uns