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chrestien, qui estoit de fouller toutes considérations humaines pour servir à Dieu et mettre sa conscience en repos, luy remettre au reste les inconvéniens et difficultez à souldre[1] ; que peut estre, selon le monde, en l’estat des affaires, il seroit plus considéré faisant ceste profession que la dissimulant, comme on savoit qu’il faisoit.

Je revins de Poictou à Saumur peu après monsieur du Plessis, et le mesme jour y arriva, de la part du Roy, M. du Morier, secrétaire de monsieur de Bouillon, résident pour ses affaires en court, et lequel le Roy avoit choisy exprès parce qu’il le connoissoit nourry de la main de monsr du Plessis ; ce qui mesmes avoit empesché qu’il ne fust saisy prisonnier, S. M., à ceux qui le luy proposoient, ayant rendu ce tesmoignage qu’il n’avoit point appris avec luy à estre instrument de meschanceté. Sa charge estoit de scavoir de monsr du Plessis, de la part du Roy, comment il estoit d’advis qu’il se gouvernast au faict de monsr de Bouillon ; affaire perplex et où il estoit dangereux de heurter de part ou d’autre. Son advis fut, lequel il bailla par escript, que S. M. devoit accorder à M. de Bouillon, pour juge en ce faict, la chambre my-partie de Castres, puis mesme que desjà il s’y présentoit ; que son Édict y estoit exprès, lequel accordant cela en toutes causes, et à toutes personnes de la Religion, ne pouvoit estre dénié aux plus grandz et aux plus griefves causes de la vie et de l’honneur ; que sy ces crimes estoient telz qu’on disoit, conspiration contre l’Estat et intelligence

  1. Résoudre.