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prendre exactement l’hébraïsme, qu’il n’y a mesme poëte Grec sy ferré qu’il n’ayt apprins en ses premières estudes. Mais qu’est il besoing de ces preuves? Je les recongnoiz en ses escriptz, je les lis en ma conscience, c’est pourquoy je n’en puis faire autre rapport : je diroy en peu de paroles, et Dieu est tesmoing de mon cœur, qu’il scayt plus de bonnes lettres et a plus de sentiment d’icelles et d’expérience que le plus célèbre et mieux en parler de tous ses adversaires, et c’est ce qui leur faict tant de mal. Que donques ces noires âmes cherchent un autre subject d’ignorance que le sr du Plessis, une autre trompette de médisance que ma personne. La candeur de mon âme, la générosité de mon courage, l’innocence de mes escritz, bref la teneur de toute ma vie passée imposeront silence à telz controuveurs de mensonge ; et à la mienne volonté que le nom de l’autheur de ceste imposture me fust aussy bien congneu que son impudence, je l’accueilleroye de telle façon que la postérité en retiendroit la mémoire à perpétuité. Puisque son nom m’est incongneu, pour la défense de mon honneur et pour le tesmoignage de ma dévote et affectionnée volonté envers le dit sr du Plessis, je ne puis moins faire que d’escripre et signer de ma main la présente attestation, tant pour me servir de descharge envers ceux qui à bon droict se pourront scandaliser de cecy, que pour faire rougir ceux qui jusques aujourd’huy n’ont jamais sceu apprendre que c’est que vergoigne. Fait à Leyden, en Hollande, ce VIII Novembre 1601.

Signé : Josephus Scaliger,
Julii Cæs. F. »