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voulu par la présente attestation obvier à une sy effrontée et impudente calomnie, de laquelle je suis autant indigné qu’ilz sont dignes de blasme, ou plus tost de chastiment, sy justice avoit lieu, de m’avoir enveloppé, autant qu’en eux est, en un si vilain reproche, auquel je suys plus intéressé que le sr du Plessis, car ses mérites estantz telz qu’il n’y a que les âmes dépourveues de toute honte qui les osent désadvouer, je serois plus impudent qu’eux sy je ne recongnoissoys les grâces que Dieu a logées en luy, aveugle, si je ne voioye ce qui est en veüe de tout le monde, malin sy je ne confessoye ce que je ne puis nier. Or moy estant à Nérac, où j’estoye allé expressément pour faire la révérence à S. M., il y a dix-huit ans, en troys heures entières ou plus que je fus retenu par elle, se pourmenant au jardin du chasteau, le propos ne s’addonna jamais de parler du sieur du Plessis que touchant le petit traicté qu’il avoit faict sur la publication du Concile de Trente, lequel je disoye avoir recongnu estre du dit sr, bien qu’il n’y eust apposé son nom ; de quoy S. M. s’esbahit, et l’ayant appelé en ma présence, il luy dist que j’avois deviné l’autheur du livret. Depuis nous n’entrasmes jamais en propos du dit sr du Plessis. Par quoy je m’en plains à bon droict du tort que me font ceux là, en me voulant faire badin de la farce qu’ilz ont composée. Comment auroy-je dit qu’il est ignorant des langues là où ses excellentz escriptz, que j’admire par dessus tous ceux de ce siècle, me convaincroyent du contraire ? oultre ce ce que je scay par ses compagnons d’estude qu’il a eu à ses propres frais des Juifz en Italie, pour ap-