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par beaucoup d’adversitez. Nous y avions eu du commencement pour pasteur M. d’Espina, personnage célèbre mais que, dès nos premières années à Saumur, son grand aâge nous avoit emporté ; et depuis Dieu nous y avoit suscité M. Macefer, d’advocat qu’il estoit au Parlement de Paris faict ministre du St Evangile, en mesme temps Me Jehan Vincent, bien versé en toutes bonnes lettres, que nous avions entretenu quelques années pour l’estude du st ministère, auquel il seroit réussy entre les premiers, et Mr Félix du Tronchay, dit de la Noue, personnage de rare piété, doctrine [et saincte vie[1], doué particulièrement d’une rare] et singulière éloquence, lequel nous aurions recouvré avec beaucoup de bonheur et de pêne. Tellement que nous pouvions dire qu’il n’y avoit en la chrestienté Eglize mieux pourveiie. Mais a\oit pieu à Dieu, en l’espace d’un an environ, retirer à soy M. Vincent en Apvril 1599 par une phtisie qui de long temps le menaçoit, et nous ravir, en novembre 1600, M. de la Noüe par une pleurésie contagieuse, avec un regret incomparable de ceste Eglize et de nous, et non sans une profonde appréhension de l’ire de Dieu, qu’il luy plaise modérer envers nous tous.

Or on a travaillé en divers lieux pour réparer ceste bresche, envoyant en Hollande pour attirer icy monsieur Junius qui y tinst lieu de professeur et de pasteur ensemble, avec très bonnes conditions, à quoy nous n’aurions peu parvenir, et jusques icy

  1. Ces mots manquent dans le manuscrit delà Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.