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M. de Villarnoul, nostre gendre, que le Roy luy avoit donné charge de rhabiller monsieur du Plessis avec luy (c’estoient ses motz), comme au dit sr Constant qu’il avoit à luy parler là dessus, premier qu’il partist ; auquel néantmoins, prenant congé de luy, il dit qu’il n’estoit encores temps ; monsieur du Plessis se résolut à patienter ce qu’on auroit à luy dire, craignant toujours, s’il pressoit, qu’on ne voulust tirer promesse de luy qu’il ne voudroit donner, encor que le Roy eust dit à M. de Villeroy qu’il seroit bien ayse de le voir, luy feroit bon visage, et luy témoigneroit qu’il n’avoit oublié ses services ; mesme qu’il vouloit que quelqu’un le vist de sa part, ce que M. de Loménie s’offroit de faire, et supplioit S. M. de luy en donner congé. Et là dessus M. de Rhosny dit aussy à Blois que de Tours il iroit voir M. du Plessis à Saumur ; et depuis à Poictiers, le Roy, ayant de rechef parlé d’envoyer vers M. du Plessis, luy dit que sa femme estoit ma niepce qui avoit envie de me venir voir, qu’il l’y conduiroit, dont il fit mesme toute démonstration ; mais le Roy partant subitement de Poictiers sur quelques advis qu’il avoit, mesme manquant à monseigneur de Montpensier qui le devoit festoïer à Champigny, ceste veüe, soit à bon escient ou autrement, nous fut ostée ; et commenceoit on à accuser M. du Plessis d’avoir manqué à son devoir vers le Roy et ses amys, d’avoir défailly à soy mesme, de n’avoir pris ceste occasion de venir en court, au lieu qu’on l’avoit de jour à autre tenu en attente de luy faire scavoir la volonté du Roy, selon laquelle c’estoit à luy à se retenir ou avancer. Quoy prévoiant, M. du Plessis