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formé contre sa vie, lequel apparemment ne se rebuteroit pas de ce premier coup ; et d’autant plus que M. du Plessis ne se rallentissoit en rien en ce qu’il estimoit estre du service de Dieu ; au contraire se pensoit tant plus obligé de le poursuivre. Dieu me fit la grâce touteffois de me remettre en sa providence, en ce que je reconnoissoys sa bonté avoir esté perpétuelle sur nous, n’obmettant rien de ce qui se devoit faire pour leur oster la facilité de continuer leurs entreprizes, dont Dieu nous veille préserver par sa miséricorde.

Nostre filz pendant toute ceste procédure estoit en Normandie, et n’en avoit rien sceu que sur la fin, parce que de jour en jour je différoy à luy escrire, tant que la vérité en fust bien esclarcye. Et avint que pendant le peu de séjour qu’il fit à Fontenay, monsieur de Mongommery le pria de nommer un sien filz au baptesme, ce qu’il fit, et de là reprint son chemin par St Malo, Rennes, Vitray et Laval pour se rendre au plus tost à Saumur, ayant sceu la nouvelle de cest assassinat à Rennes seulement. De ce voyage donq on donne advis au Roy qu’il y avoit veu force noblesse, et que sur sa venue s’estoient faictes assemblées en Normandie et Bretagne, par messieurs de Mongommery et de Monbarot, ce dernier touteffois qu’il n’avoit point veu parce qu’il estoit à Guerrande, tout cela tendant à quelque remuement de conséquence. Et dit on que l’advis vint de l’Evesque d’Avranches. Là dessus le Roy entre en extrême colère, soit qu’il le creust, ou qu’il le faignist ; décerne commission et commissaires pour faire ouvrir et démolir les tours et portaux de Rennes, seul moyen res-