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Divers propos en furent tenus en divers lieux jusques au Roy qui en parla diversement ; mais la vérité ferma la bouche aux plus adversaires ; et enfin le Roy y loua la procédure de monsieur du Plessis, lequel pendant tout ce procès n’en voulust escrire à aucun, seulement à monsieur de Villarnoul nostre gendre lors estant pour ses affaires à Paris, et fort sobrement, afin qu’il en informast ceux de noz plus confidens amys qui en seroient en pene et s’en enquerroient, bien que du dedans et du dehors du Royaume, mesme des ambassadeurs des Princes, il fust requis de leur en envoyer l’histoire.

La Royne d’Angleterre particulièrement, qui la sceut, prit subject d’en parler à l’ambassadeur du Roy, en luy remonstrant en cest effect en quel danger il se mettroit de remettre les Jésuistes en son royaume, autheurs sans doute de telles énormitez ; qui fut l’occasion que le Roy s’en enquit plus particulièrement, et en sceut la vérité par la lecture d’une lettre que M. du Plessis en avoit escrite à M. de Loménie secrétaire du cabinet, sur ce qu’il s’estoit plainct de luy de son sy long silence sur ce fait. Monsieur du Plessis aussy adjousta en sa ditte lettre quelques plaintes de diverses calomnies sur son voyage de Gascongne et sur celuy de Normandie de nostre filz.

Or cest attentat me donna des traverses qui n’adjoustèrent pas peu à mon indisposition ordinaire, car bien que j’y reconnusse le soin qu’il avoit pieu à Dieu d’avoir de nous et de nostre famille, malgré la nonchalance du commencement que monsieur du Plessis y avoit apportée, sy considéroy-je le dessein