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tranglé, sa teste couppée et mise sur la porte du bourg, son corps bruslé, et ses cendres jettées au vent, Roland et Girard condamnez à estre fouettés au lieu du supplice et par tous les carrefours, Girard banny à perpétuité, Roland aux galères perpétuelles.

La différence des supplices, au regard du moine, parce qu’il estoit autheur, et avoit faict tout ce qui estoit en luy, les autres par luy subornez, jeunes gens qui n’estoient pas venus jusques au coup ; au regard des deux, parce que Roland se trouvoit avoir ouvert des moïens pour faciliter l’exécution, il avoit aproché plus près de la faire ; et tinst nonobstant à peu qu’il ne passast comme le moyne. Est à noter que M. le Seneschal, des plus dévotieux entre ceux de l’Eglize romaine, estoit assisté de sept juges de mesme profession, n’y en ayant pour tout que deux de la Religion  ; mais la clarté et l’horreur du faict les fit passer outre sans déférer à l’appel par la qualité de moine qui se trouva n’avoir pas seulement tonsure, joinct qu’ilz se remeirent tous devant les yeux le péril où ce moine les jettoit, le coup ne portant qu’à demye sur le Père, ou en tous caz survivant le Filz, sur ceste chaude douleur, à l’heure propre de leur procession, premier que de se pouvoir donner le loisir d’informer d’où le mal venoit.

Tel donq fut le procès et le jugement duquel nous recherchasmes plus la vérité que le supplice.

Le prévost et l’assesseur apportèrent en l’instruction beaucoup de conscience et de diligence ; les juges au jugement de circonspection et de droicture ; et receusmes du contentement beaucoup en ce principalement