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pour un désir de le voir, pour la réputation qu’il avoit. Enquis de ce qu’il faisoit avec ce moine, dit qu’il luy aydoit à faire sa queste, et qu’il luy avoit promis de le mener avec luy en Italie ; et pour l’heure n’en tira autre chose, et l’envoya en une tour qui sert de prison, en laquelle aussy estoit un soldat nommé Rondeau, pour une désobéissance commise à l’endroict du sergent major, lequel l’exhorta à dire vérité sans se faire tourmenter ; tellement que le matin il demanda à parler à M. du Plessis, et voulut néantmoins du commencement tergiverser, jurant sans propos que, lorsqu’il l’aprocha, n’avoit cousteau ny alumelle, sur quoy M. du Plessis luy dit : « Comment, mon amy, auriés vous bien la mine de tuer un homme ? » Et là dessus le pressa davantage ; lors donq luy déclara que le moine les avoit subornez, luy appelé Mathieu Roland, et son compagnon Nicolas Girard, pour le tüer, et leur avoit à chacun baillé un cousteau à ceste fin, ce qu’ilz devoient exécuter sur l’heure s’ilz en trouvoient l’occasion, synon le bien reconnoistre pour le frapper au sortir du presche, et devoit luy commencer et Girard seconder ; et leur promettoit le moine d’y venir à temps, s’il en estoit besoin, protestant que c’estoit la vérité et qu’il en avoit esté empesché par un tremblement qui l’auroit pris lorsqu’il auroit commencé de voir un costé de son visage en levant la tapisserie. Monsieur du Plessis aussy tost, voyant qu’il y alloit du sien, mande le prévost et l’assesseur, leur conte l’affaire, avec ceste préface touteffois que peut estre n’estoit ce rien, et leur faict livrer le prisonnier, lequelz ils interrogent sur tout ce faict avec les forma-