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chaire d’une tapisserie. Un jeune homme est remarqué de plusieurs s’avancer jusques à lever ceste tapisserie, pour le regarder, et un autre le suyvre à quattre ou cinq pas près, l’un et l’autre n’ayans la contenance d’estre là pour le presche ; comme de faict ilz s’en retirèrent aussy tost, et feurent veuz parler à un moyne vestu d’enfumé, qui les attendoit à la porte du temple. Ces circonstances avec quelques autres donnèrent soupecon d’eux, mesme par ce qu’on vit ce premier changer de couleur et entrer en tremblement. Au retour, nostre filz en fist le récit à monsieur du Plessis qui n’en avoit rien apperceu, et commanda aussy à quelques soldatz de voir que ces gens devenoient, desquelz tout le jour on ne peut avoir nouvelles pour qu’ilz estoient es Eglizes de la ville, et ne laissa nostre filz de partir le lundy pour aller voir ses sœurs en Maïenne et Normandie, ce qu’il n’eut fait si on eust cuydé que la chose portast sy avant. Le lundy sont reconnus le moyne et l’un d’eux, celuy nomméement qui avoit levé la tapisserie en la chapelle des Ardilliers, d’où sortis qu’ilz furent on les amena au chasteau, à monsr du Plessis, lequel touteffois ne voulut point voir le moine et le renvoya aussy tost disant que cela ne faisoit que du bruict, mais bien retint ce jeune homme, l’interrogea qui et d’où il estoit, s’il estoit de la religion, et n’en estant point, à quelle fin, il venoit au presche, mesme pourquoy il avoit levé la tapisserie ; respondit qu’il n’estoit pas de la Religion, mais qu’il en eust bien voulu estre, qu’il vouloit parler au ministre pour se faire recommander, et que ce qu’il s’estoit approché de luy estoit