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qu’on n’attendoit que l’heure de l’accouchement[1] de la Royne, me laissa ordre pour tirer le canon et faire les feux de joye ; comme de faict, il n’eust pas faict deux journées que le sr de Bonneveau arriva à Saumur avec lettres du Roy à monsieur du Plessis portant ceste nouvelle et commandement, que je fis aussy tost effectuer, et luy envoyay la depesche du Roy qui l’atteignit à Bergerac ; sur laquelle il prit occasion de luy faire une lettre qui se voit en noz mémoires, la première que, depuis sa desfaveur, il luy avoit escrite, et laquelle luy estant présentée par Mr d’Audenoust ne se peut tenir d’en tesmoigner quelque contentement. De Bergerac, après le séjour de peu de jours, se rendit à Nérac au mesme temps que les députez de toutes parts arrivoient à Ste Foy sur Dordoigne. Lesquelz ne furent sy tost ensemble qu’ilz députèrent vers luy avec lettres fort expresses par lesquelles ilz le prioient de vouloir, pour l’utilité qu’ilz s’en promettoient tous, se trouver en leur assemblée ; mais il les pria de l’en vouloir tenir pour excusé ; et ses raisons furent qu’il craignoit que ce qu’ilz feroient de mieux en sa desfaveur ne fut mal interprété du Roy, soubz ombre de sa présence ; que d’ailleurs, il seroit invidieux et à eux et à luy que de tout le royaume il fust seul non député de province admis en ceste assemblée ; que sy néantmoins ilz désiroient son advis sur les poincts qu’ils auroient principalement à traicter, il en conféreroit très volontiers avec tel qu’ilz voudroient députer de leur

  1. Henri IV avait épousé le 9 décembre 1600 Marie de Médicis, elle lui donna, le 27 septembre 1601, un fils qui fut Louis XIII.