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nous appelle, et entre cy et là, estimer son Eglize nostre maison, nostre famille propre, convertir tout nostre soin vers elle.

Monsieur Bouchereau, nostre pasteur, nous rendit de grandz offices pour nous consoler en ce besoin, et luy en avons tous obligation ; à monsr de Haumont aussy, advocat du Roy, qui peu nous abandonnoit sur ces premiers élanz. Nos filles et gendres peu après y accoururent, arrivans l’un après l’autre de diverses partz ; c’estoit autant de nouvelles playes. Les regrets de la ville de Saumur, mesme entre ceux de contraire religion, se firent ouyr plus que nous n’eussions creu ; et est au dessus de toute créance combien partout ailleurs il se vist regretté, tant ce naturel, promt à obliger un chacun en ce peu qu’il pouvoit, importun d’ailleurs à personne, s’estoit faict reconnoistre en sy peu d’ans, presque en sa naissance ; tout cela qui sembloit devoir addoucir nostre douleur, et cependant la rengrégeoit, parcequ’il nous faisoit tant plus reconnoistre nostre perte, et selon la perte se redoubloient noz douleurs et angoisses.

Ce fut lors que monsieur du Plessis escrivit noz larmes en latin, par luy mesme traduites en françois, les désirant perpétuer à la postérité, comme en noz âmes elles sont perpétuelles ; lors aussy que renonçans du tout aux espérances de ceste vie, nous achetasmes et fismes bastir un lieu pour nostre sépulture, joignant le temple que nous avons basti pour l’Eglize réformée de Saumur, en laquelle nous espérons au premier jour pozer le corps de nostre filz, à nous ramené de Hollande par ses domestiques, con-