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honte pour d’autres, et n’y demeura en tout que quelques 200 hommes. Mais tant y a qu’encor qu’il nous le cachast en ses lettres, nous lisions assés son desplaisir que ceste seule occasion de quelque importance se fust présentée par delà pendant tout ce temps, et que par ce malheur, il n’eust peu s’y trouver, concluans assés de là que nous n’estions pas pour le revoir qu’il n’eust tasché d’en retrouver une autre. Le sieur Dommarville, l’un des colonelz des Fran cois, y avoit esté tué sur la retraicte ; l’affection que luy portoient, à nostre filz, la plus part des capitaines, non sans envie, luy persuada de faire demander ce régiment au Roy, non tant pour l’obtenir, car luy mesme le donnoit au mérite du sieur de Béthune, mais pour se ramentevoir à une autre occasion semblable. Et là dessus nous dépescha un laquais exprès. Cela adjoustoit encor à notre appréhension, parceque, quelque protestation qu’il nous fist de n’y penser pas à bon escient, nous ne le croyons pas aysément, et le voyons s’engager par delà pour un long temps sy, en cest âage, il avoit une telle charge ; et de faict, il ne parloit pas de son retour, comme es précédentes, ésquelles, depuis trois mois, il nous l’avoit faict espérer, n’attendant que de scavoir de nous quel chemin il auroit à prendre, que nous avions laissé à sa discrétion, sauf qu’il vist le Roy à son retour pour luy rendre compte de son voyage. Le régiment ne fut point demandé pour luy, encor que nous envoyasmes sa depesche à nostre nepveu de Vaucelas, mestre de camp du régiment de Piedmont, lors près du Roy à Limoges, parcequ’une depesche de madame de Rohan prévint, laissée à Paris en pas-