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ès mains du secrétaire d’estat Cecil[1], et luy du Roy, lequel ordonnant de prendre garde secrettement aux environs, y furent surpris partie des ditz entrepreneurs. Leur bon zèle se voioit en ce qui est certain qu’ilz n’eussent pas moins faict mourir de catholiques romains de toutes qualitez que d’autres ; et se considère icy à combien peu tiennent les rois et les royaumes. Le Roy d’Angleterre en commit la justice aux Estatz du Royaume, et au premier jour furent mieux connus les autheurs. I^e Jésuite Cotton en voulut fort absoudre ses confrères ; mais deux[2] d’entre eux furent accusez par ceux qui jà ont esté exécutez en février, pour principaux directeurs de ce monstrueux dessein, et lesquelz on cerche par tous les endroictz du royaume.

J’ai laissé mon pauvre Filz embarqué à Dieppe pour passer aux Païs bas. Tout l’esté s’y passa les armées du Prince Maurice et du marquis de Spinola tranchées l’une devant l’autre, les logis plus avancez à moins de deux cens pas, se saluant tout le jour de coups de canon, l’une couvrant l’Escluse et l’autre Bruges, sans autre chose entreprendre ; et n’y fut mon Filz sans s’ennuyer, encor qu’il ne tenoit pas à se bazarder aux moindres occasions qu’il ne fist quelque chose. Une fièvre double tierce au sortir de là le travailla fort, et non sans pêne de ceux qui l’aymoient ; mais il ne laissa pas tout foible qu’il estoit, aussy tost qu’elle l’eust laissé, de suivre en sep-

  1. Robert Cecil, fils de Lord Burleigh ; celui-ci était mort en 1598.
  2. Ces deux jésuites, Henry Garnet et Edouard Oldecorne, furent arrêtés et exécutés.