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au dit sieur récompense en terre et en argent pour sa souveraineté et place, scavoir deux cens mille escus en deniers et des terres à l’équipolent du double revenu, avec les dignitez compétentes dans le royaume ; synon, qu’il acceptast M. de la Noüe avec une garnison qui respondît de sa place au Roy. Au premier respond qu’il ne peut vendre Sedan si on n’achète tout ensemble tout ce qu’il a dans le royaume ; au second, qu’il ne peut recevoir personne, et aussy peu M. de la Noüe qu’un autre, plus fort que luy dans sa place. Et sur le retour du dit sr du Morier, s’acheminent toutes choses de part et d’autre à l’extrême ; et déjà l’électeur Palatin avoit retiré son filz de Sedan ; made. de Bouillon se retiroit avec ses enfans en Allemaigne ; le peuple des villages de la souveraineté avoit vendu son bestail, mis les femmes et enfons à couvert, résolu de se jeter dedans ; demeuroit incertain sy M. de Bouillon s’y enfermeroit ou lairroit au conte de Nassau sa place. N’est à oublier que le jour de Noël de l’an 1605, M. du Plessis receut lettres du Roy par lesquelles il luy commandoit de faire rendre grâces solennelles à Dieu, en l’estendüe de son gouvernement, de son insigne délivrance et luy envoyoit l’interrogat[1] d’un certain praticien de Senlis, devenu fol, et soy disant roy des François dès le commencement du monde, lequel auroit collette S. M. sur le Pont-Neuf reve-

  1. L’assassinat de Ravaillac fut la huitième tentative contre la vie de Henri IV ; il n’avait jamais redouté le danger, mais dans les trois derniers mois de sa vie, un pressentiment funeste le poursuivit sans relâche.