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l’année 1605[1] sur Beziers et Narbonne en Languedoc, et naguère sar Marseille, dont les entrepreneurs avoient esté exécutez par justice, qui ne sembloient aux plus sages promettre que du bruit sur le printemps, pour tant plus faire peser les suites du désespoir de M. de Bouillon ; et cecy se passe en janvier, février et la my-mars de l’an 1606.

Monsieur du Plessis d’une part déploroit d’y voir engagée la personne du Roy en laquelle consistoit humainement la vie et le repos de cest estat, qui fut cause que M. de la Varanne, serviteur privé du Roy, le venant voir à Saumur, il luy en dit fort librement les conséquences. De l’autre, le hazard de ceste pauvre Eglize qui, en tant d’orages passez, avoit servy de port aux plus grandes, et que ceux de la Religion fussent engagez par ce moïen en la ruine les uns des autres, ce qui, par la grâce de Dieu, ne s’estoit point encor veu. Ne pouvant se persuader que la prudence[2] de S. M. ne balanceast fort entre les submissions de M. de Bouillon et les difficultez de l’entreprise sinon, que c’estoit une fatalité manifeste de laquelle il falloit se remettre à la providence de Dieu. Donq M. de Rosny, se voyant seul chargé de la haine et du douteux succez de ceste entreprise, fit trouver bon au Roy que le sieur du Morier, secrétaire de M. de Bouillon, retournast de la part de la Princesse d’Orange à Sedan ; et luy est donné charge d’offrir

  1. Ces entreprises avaient été tentées par quelques gentilshommes du Languedoc et un Provençal de grande famille, M. de Meyrargues, qui voulaient livrer ces places à l’Espagne.
  2. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « Que S. M. sy prudente, ne balanceast.... »