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pour sa descharge, de représenter l’estat de la place, la fortification meilleure que d’aucune du royaume, garnie de vivres, munitions et argent, cinq mil hommes de guerre pour deux ans, et le dit sieur jà asseuré de deux mil cinq cens hommes, recherché d’ailleurs de voisins qui ne le lairroient point perdre. Mais tout cela fut assez mal pris de luy, auquel M. de Rosny respondit par plusieurs fois: « je la prendray, fust elle imprenable comme vous la faictes, » et le sieur Erard mesme, ingénieur du Roy qui avoit conduit la fortification de la ditte place, luy en parla de mesme, messieurs de Sillery et de Villeroy, mesme en appréhendans l’yssüe, y sembloient cercher quelque expédient, et voyant qu’en vain, s’en lavoient les mains.

N’est à oublier qu’en ce mesme instant, les ambassadeurs du Roy d’Hespagne et de l’archiduc demandèrent congez au Roy ; c’estoit pour faire penser à une rupture ; mais on disoit que celuy d’Hespagne en avoit parlé y avoit jà quatre mois, pour certain procès d’importance qui le rappelloit, et de faict peu de jours après il partit. S. M. leur dit qu’ilz n’avoient point à prendre ombrage de ces préparatifs qui n’estoient que pour chastier un subject rebelle. Répliqua l’ambassadeur du Roy d’Hespagne que c’estoit bien faict de chastier telles gens, mais que S. M. se souvînt aussy de ne supporter pas les rebelles contre les princes ses alliez ; et au reste, puis qu’Elle avanceoit une armée sy près d’eux, ne trouvast point estrange qu’ilz en missent une en Luxembourg. Et là dessus se passèrent quelques aigreurs ; ces choses joinctes avec les entreprises descouvertes en toute