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franchement de cest affaire et mesme de plusieurs autres, luy dit : « V. M. m’a tantost faict l’honneur de me parler de tout le monde, fors que de moy ; sy scay-je, Sire, qu’il n’y a pas faute de gens qui m’ont voulu brouiller vers V. M. Je la supplie donq très humblement de trouver bon que je l’en esclarcisse. » Mais le Roy luy respondit en général qu’il avoit tousjours reconnu sa fidélité, et n’avoit jamais attendu autre chose de luy, ce qui ne le contentoit point ; dont il redoubla, qu’il la supplioit de trouver bon qu’il luy dist que ceste trop générale déclaration de S. M. ne luy contentoit pas l’esprit s’il ne luy plaisoit approfondir les choses davantage. Et lors luy dit S. M. : « Quand vous estes loin de moy, on me parle de vous, et à vous de moy, mais tout cela n’est rien. — Ouy, Sire, répliqua-t-il ; mais le mal est que ce qu’on me dit de vous ne vous peut nuire, et que ce qu’on vous dit de moy me ruyne. » Et là dessus se prit S. M. à soubz rire ; néantmoins prit là dessus M. du Plessis occasion de luy particulariser les imputations passées, et comme Elle avoit reconnu la fausseté de la plus part, qu’aussy feroit elle de toutes autres s’il luy plaisoit de voir jusques au fondz ; qu’enfin, il ne craignoit point sa justice, parce qu’il ne craignoit pas son injustice ; et se monstra S. M. satisfaicte de tout ce propos. Le lendemain, lundy matin. Octobre, S. M. partant pour continuer son voyage de Limoges, il prit congé d’Elle à la Tour d’Oyré[1] maison de la dame de la Boulaye ; et lors furent récapitulez tous les propos

  1. L’édition de M. Auguis porte : Il prit congé d’aller à la Tour.... »