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il, je seray tous jours plus prest de luy pardonner que luy de s’amender ; mais afin qu’il n’ait pas à dire, comme il fait, que je veuille opprimer son innocence, je veux que sa faute soit évidente à chacun. — Ouy, Sire, dit M. du Plessis, vous voulez que le péché abonde afin que votre grâce surabonde ; et puis donq qu’il se soubzmet, comme on dit, à la confesser, je le voy en bon chemin. — « Ouy, dit S. M. s’il le faisoit comme il doibt ; mais il ne confesse qu’à mesure qu’il se voit convaincu de ce qu’il ne peut plus nier, et qu’auparavant il avoit nié sy expressément ; et ne regarde pas que je le voy tout à descouvert, » et là dessus force particuliaritez, et non sans grand esmotion ; enfin, « mais quand je luy auroy rendu ma bonne grâce, ses estatz et ses pensions, ma chambre et mon conseil et mes affaires, quelle seureté puis-je prendre de luy ? — Quelle autre, dit M. du Plessis, peut prendre un prince de son subject, un maistre d’un serviteur que celle qu’il a tousjours en sa main ; vostre majesté n’a t’elle pas la justice et la force ? Ne garde t’elle pas tousjours les gages? N’est il pas en vous, s’il forfaict à son devoir aujourd’huy, de le chastier demain, ou seroit il de la dignité de S. M. d’en prendre la caution de quelques princes d’Allemaigne, ausquelz il a l’honneur d’appartenir ? Un sy grand Roy ne pouvoir que par la caution des estrangers s’asseurer d’un sien subjet ! — Enfin, dit S. M., j’en scay une [moy[1]] ; et à ce dernier propos appelle le sr Constant, autreffois ser-

  1. Manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.