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grand malheur que le propos sy avant acheminé par M. Landgrave fust rompu. Et lors luy dit le Roy que c’estoit luy mesme qui par sa bonté avoit excité cette négotiation, et que le dit sr de Bouillon y voudroit bien revenir, mais que les choses estoient hors de ces termes et qu’il n’en falloit plus parler. Et plus ne se dit sur ce propos au Port de Piles. Après que S. M. eust disné, se retira en sa chambre, où arriva M. de la Tabarière, nostre gendre mandé par M. du Plessis, et quelque heure après entra S. M. en son carrosse avec les princes pour aller à Chastellerault, auquel lieu son arrivée fut troublée par la dispute entrevenüe sur le logis entre le fourrier de Monseigneur le comte de Soissons, le demandant en son rang, contre M. de Rosny le prétendant retenir en qualité de gouverneur de la province ; ce que S. M. ne trouva bon, et dit à quelques uns que ces fougues le ruineroient, luy commandant au reste, par le sieur de Praslin capitaine des gardes, de faire place au dit seigneur comte ; et la vérité est que de toute la court, cest entreprise fust trouvée estrange. Le jour ensuyvant, S. M. en son cabinet remit sus à M. du Plessis ce propos de M. de Bouillon s’en monstrant extrêmement offensée ; il luy dit que nul ne scavoit mieux que S. M. qu’il n’avoit point d’obligation à M. de Bouillon, mais qu’il parloit pour son service ; qu’il avoit toujours estimé que, tant pour le repos de son esprit que de son estat, cest affaire devoit estre accommodée, et qu’elle ne croyoit pas que celuy qui avoit esté si prodigue de clémence à tant d’autres la vouUut tout à coup reserrer à l’endroict de cestuy là seul. Respondit S. M. que non ; au contraire, dit