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lon pour rendre le présent plus croyable luy ramentevant le passé, et montroit bien que cest fascherie luy tenoit au cœur, par dessus toutes autres : M. du Plessis luy respondit que ses serviteurs estoient tenuz de croire ce qu’il luy plaisoit leur dire, et ne se fust pas mise en chemin sy Elle n’eust pas veu bien clair en cest affaire ; mais que, de ce scandale, S. M. en pourroit tirer une grande édification, scavoir qu’il n’y avoit sy grand ny de naissance ny de créance en son Royaume, qui peust destourner ses subjectz de la Religion de leur devoir ; ce qui luy paroissoit en ce qu’en tout ce remuement où S. M. disoit se trouver comprins plus de trois centz gentilzhommes catholicques, il n’y en avoit que deux de la Religion, l’un domestique de M. de Bouillon, l’autre qui en avoit donné le premier advis, ce que S. M. reconnust estre vray. Adjoustoit S. M. qu’on luy vouloit faire croire que l’argent qu’avoit faict distribuer M. de Bouillon estoit venu de l’Hespagnol, mais qu’il n’en croyoit rien, mais bien que, quelque avaricieux qu’il fust, la haine qu’il luy portoit avoit été sy puissante en luy qu’elle avoit forcé l’avarice, jusques à employer ses revenuz dont, ayant perdu ses pensions, il n’avoit pas trop, pour troubler ses affaires. Luy respondit qu’il estoit à la vérité malaisé à croire qu’il peust avoir liaison de ce costé là, veu les autres qu’il avoit de profession et de sang du tout contraires ; mais bien estoit il croyable que doutant[1] un siège à Sedan, il avoit voulu se prémunir d’une diversion, et que ce luy estoit un

  1. Redoutant.