Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chastellerault à Tours qui résolut S. M. à continuer le voyage. La seule raison fut que par là S. M. feroit voir à ses subjectz qu’elle estoit aussy preste que jamais de porter sa personne là où le besoin l’appelloit. Et fut celle que S. M. mesme dit à Monsieur du Plessis. Tandis qu’il attendoit le jour certain que le Roy partiroit de Tours pour l’aller rencontrer. Père Cotton Jésuite, venant de la Flesche, passa à Saumur et demanda à le saluer avec cinq de son ordre. M. du Plessis le receut courtoisement, et ne s’y passa que propos communs du devoir qu’ilz avoient voulu rendre à sa réputation, sachant bien aussy qu’ilz feroient chose agréable au Roy de luy dire de ses nouvelles, à quoy il leur respondit qu’il espéroit le lendemain avoir l’honneur de luy en dire luy mesme. Les Catholiques Romains de la ville eurent pêne à croire ceste visite, et vinrent en nombre jusques la porte du chasteau pour s’en asseurer par leurs yeux, et en divers lieux s’en fit des gageures.

Le Octobre donq monsieur du Plessis part pour aller trouver S. M. et sans s’accompagner que de M. de Fontenay, l’un de noz gendres ; et le lendemain matin, passant la Creuse devant le Port de Piles, sceut que S. M., qui avoit couché à Ste Maure, y venoit disner. En l’attendant, y passèrent ou arrivèrent bonne partie de ses amys, mesme du conseil d’Estat qui monstrèrent beaucoup de joye de le voir, M. de Villeroy sur tous, qui ne le voulut aucunement abandonner qu’il n’eust veu le Roy. L’abord de S. M. fut assés gracieux, et après peu de propos ordinaires, attendant sa viande, le tire à part, et l’entretinst de griefves plaintes contre M. de Bouil-