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tournai le dos et m'en allai assez éplorée ; mon frère eût voulu alors ne m'en avoir jamais parlé. Je pris résolution de n'y faire plus long séjour, et j'employai la semaine à chercher un charretier pour me conduire à Sedan. J'y arrivai le jour de la Toussaint, 1er novembre 1572, et à mon arrivée, je trouvai beaucoup d'amis qui m'offrirent leurs moyens. Je ne fus pas une heure à Sedan que je ne fusse habillée en demoiselle, et je fus audit lieu jusqu'à notre mariage de M. du Plessis et de moi, comme il sera dit ci-après[1]. »

Ce fut en effet bientôt après, et à Sedan où continua de vivre la jeune veuve de M. de Feuquères, que commença entre elle et Philippe de Mornay cette affection mutuelle qui aboutit, en 1576, à leur mariage. Petite principauté indépendante et propriété du duc de Bouillon, l'un des grands chefs de la réforme française, Sedan était alors le refuge ou le séjour favori de beaucoup de réformés considérables ; M. de Buhy, frère aîné de Philippe de Mornay, et leur plus jeune frère, M. des Bauves, s'y trouvaient, comme lui, en même temps que Mme de

  1. Mémoires de Madame de Mornay, t. I, pages 37-46, 57-71.