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de faire sur la parole que le dit sieur Landgrave luy en donnoit ; et de ce envoya les concertz à monsieur du Plessis luy en demandant son advis, qui luy conseilla de ne point perdre ceste occasion, n’ayant apparence que le Roy voulut enfraindre sa parole à un tel prince, qui mesmes ne faignoit de la garentir envers les autres Princes d’Allemaigne, ses alliez. C’estoit vers la fin du mois de Juin 1605 ; monsieur de Bouillon cependant, sur divers advis qu’il avoit eus, et les remarques que luy mesme avoit observées, que le Roy avoit faict reconnoistre sa place[1] dedans et dehors, appréhendant un siège, il avoit pensé de préparer en ce cas une diversion, et sur les ouvertures que luy en auroient faict aucuns de ses serviteurs, auroit preste l’oreille à certaine noblesse mescontente en Périgord et Quercy, mesme faict distribuer quelques deniers à certains qui luy promettoient quelques places ; et de ce estoit il résolu de se confesser au Roy s’il eust eu l’honneur de l’abboucher par l’entremise que dessus ; mais avint sur l’entrée du mois d’Aoüst, pendant les allées et venues du sr de Widemar que M. le Landgrave emploioit en ceste affaire, qu’aucuns de ceux avec lesquelz ses gens avoient traicté, soit gagnez, soit craignant l’yssüe, vinrent le tout descouvrir à S. M., un Blanchard entre autres qui manioit la recepte des terres du dit sr en Auvergne, tellement que S. M. animée de plus belle, se résolut de tant plus à sa ruine que le crime venoit en évidence, et depuis ne voulut ouïr parler de la négotiation susditte.

  1. Sedan, qui appartenoit en souveraineté à la maison de Bouillon.