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S. M., tant des Princes d’Allemaigne que des quattre principaux quantons évangéliques de Suisse, sur ce subject, représentans à S. M. les services et mérites du dit seigneur, lequel, n’en venant autre chose en évidence, ils croyoient estre innocent, veu mesme les sermens qu’il leur en faisoit, et supplioient S. M. en pai’oles assés fortes, les Allemans principalement, par les bons offices qu’ilz lui avoient rendus en la nécessité de ses affaires, de le recevoir en sa grâce. La responce de S. M. fut qu’il estoit prest de luy ouvrir sa justice s’il se sentoit innocent[1], ou sa clémence s’il confessoit sa faute  ; et sur leur réplique qui ressentoit quelque tacite menace, que, s’ilz faisoient peu d’estat de son amitié, il n’avoit que faire de la leur. Ceste légation de prime face[2] considérable en ce que les princes de la confession d’Augsbourg s’y voioient jointz avec ceux de la nostre, en ce aussy que les Suisses s’y rencontroient avec les Allemans, mais qui perdit beaucoup de sa force quand on remarqua que les Suisses n’y employaient que ceux qui sollicitoient leurs debtes en cour, et non gens envoyez exprès, et demandèrent leur audience à part. D’ailleurs, ayant besoin du Roy à cest instant, par l’alarme où ilz estoient du fort que l’Hespagnol faisoit construire à l’entrée des Grisons, que les Princes allemans aussy pour la plus-part faisoient faire cest office par leurs agentz résidans en cour à mesme fin, et porter leur parole au Roy par

  1. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « S’il estoit innocent. »
  2. L’édition de M. Auguis porte : « Cette légation de prince fut…. »