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son occasion d’aller en cour, où de long temps elle estoit appelée. Il luy avoit esté parlé de mener monsieur son filz pour estre nourry près de monseigneur le Dauphin, ce qu’elle redoubtoit, craignant qu’en ce petit âage on ne luy instillast quelque chose contre la religion ; et M. de Montaterre venant en ces quartiers n’avoit point celé que le Roy luy en avoit parlé clairement, adjoustant qu’il scavoit bien qu’elle n’en feroit rien sy elle croioit monsr du Plessis sur lequel en tomboit l’envie. Arrivant touteffois sur ces entrefaictes en cour, la trouvant mesme brouillée d’ailleurs de plusieurs ombrages[1], elle y fut fort bien receüe, et n’en fut pressée en aucune sorte ; à quoy ne servit peu, avec la circonstance du temps pris à propos, ce que M. du Plessis avoit dit à M. de Montaterre pour jetter en l’esprit de S. M., que ce jeune seigneur, en cest âage, ne luy pouvoit, auprès de monseigneur le Dauphin, servir, ny ailleurs nuire, et cependant que ceux de la Religion auroient subject de croire qu’on avoit soin de leur arracher tout ce qui estoit éminent entr’eux, pour les avilir et abaisser, ce qui les feroit entrer en déffiance et mauvaise créance des intentions de S. M.

Pendant tout cest an 1605 continuoit la disgrâce de M. de Bouillon, quelques moyens qu’il recerchast de se remettre bien auprès de S. M., ce qu’au jugement de M. du Plessis il eust mieux réussy s’il se fust teu du tout. Une grande légation donq vint vers

  1. C’était le moment des affaires de M. d’Entragues et du comte d’Auvergne.