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de l’animosité de la Reine, avoient traicté avec l’Hespagnol pour se mettre en la protection du Roy d’Hespagne et se transporter en pays de son obéissance, ce qui fut faict en la ditte assemblée sans que M. de Rosny, qui néantmoins en voulust avoir gré de la Royne, en ouvrist la bouche, ny en sceust rien que lors qu’il fust prest à partir. Estoit aussy question de nommer nouveaux députez, personnes sans exception ; il disposa Monsieur de la Noüe, le venant voir avec Madame de la Tremouille qui s’en alloit en court, d’accepter ceste charge ; et nonobstant que le Roy l’eust envoyé à Genève, sur certaine alarme qui s’y présentoit, pourvut qu’en l’assemblée provinciale de Poictou il fust entre plusieurs autres nommé député de la province et conséquemment, en l’assemblée générale, député général pour résider près S. M., ce qu’il n’eust peu autrement. Restoit que M. de Rosny désiroit fort estre gratifié de présider en la ditte assemblée générale, nonobstant que S. M. leur eust laissé la liberté entière ; et cela estimoit-il indifférend au service du Roy, mais de dangereuse conséquence pour les Eglizes, qui fut cause qu’il ne feignit[1] point de leur en remonstrer les inconvéniens tant ès assemblées provinciales qu’en la générale, les admonestant au reste de luy rendre, hors cela, tout l’honneur et le respect dont ilz se pourroient adviser. Et ce fut sur cela que M. de Rosny se piqua contre luy, qui l’eust deu gratifier des bons esgardz qu’il avoit eüs pour le service du Roy et repos publiq, dont il lui escrivit assés brus-

  1. Craignit.