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trouver un gentilhomme de la Religion de sa part, pour leur y faire entendre sa volonté, dont ilz auroient subject de se louer, et de ce leur fut baillée l’expédition nécessaire. Le gentilhomme, c’estoit M. de Rosny, gouverneur de la province, et leur fut par S. M. exprimé qu’il n’y seroit, ny pour présider à l’assemblée, ny pour controller en aucune sorte leurs actions, ny mesme pour y assister, mais simplement pour y proposer la volonté de S. M. ; et le dit sieur se fit entendre aux députez qu’il leur porteroit la continuation des places de seureté pour six ans, afin que d’eux mesmes ilz se disposassent à l’y faire présider.

En ce mesme mois receut M. du Plessis des lettres de l’université d’Escosse en date du mois d’Octobre 1604. Le subject estoit qu’au synode national tenu à Gap en l’an 1603, l’opinion du docteur Piscator, allemand, avoit esté condamnée en assés rudes termes, par laquelle il prétend que la seule mort de Jésus Christ est nostre justification et non aussy toute sa vie ; et que le Filz nous soit né et donné tout entier, et que toute sa conversation en terre appartienne à notre salut : opinion néantmoins sur laquelle M. du Plessis avoit estimé qu’il falloit l’avoir ouy premier que de prononcer. Les pasteurs donq et professeurs de l’université de S. André le requéroient d’employer son aucthorité vers noz Eglizes françaises et par tout ailleurs pour modérer ceste sentence, et empescher que ce différend, d’ailleurs comme indifférend, n’esclattast en schisme. A cela leur promit M. du Plessis de mettre la main à bon escient, n’estant la saison d’ouvrir nouvelles plaies,