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premier jour les députez ne fussent chargez de uy faire griefves plaintes, lesquelles il estoit plus à propos à S. M. de prévenir par sa prudence. Le troisiesme, en ce que S. M. luy faisoit entendre l’intelligence de M. de Bouillon avec le Roy d’Hespagne duquel, depuis peu, il auroit eu un messager avec lettres qui avoient passé par les mains de S. M. ; sur quoy luy respondit M. du Plessis que ceste intelligence seroit tousjours condamnée de tous les gens de bien, de luy plus que d’aucun autre, comme estant et contre l’Estat et contre la profession de la Religion ; mais qu’il ne se pouvoit tenir de luy dire qu’il importoit désormais au service de S. M. que telz crimes vinssent en évidence, parce que, depuis deux ans que ces accusations duroient, on avoit esté trop peu songnieux de les mettre au jour, qui les faisoit discroire à ceux qui d’abord les avoient creües ; et de ce fit recueillir au dit sr Hespérien ses propres motz pour les escrire à M. de Sillery avec plusieurs bonnes raisons sur chaque point qui se lisent en ses mémoires. Ceste dépesche fut en Mars 1605.

L’effect fut que, le tout bien pesé, peu de jours après S. M. envoya quérir les ditz sieurs députez de la Religion, et leur déclara que jamais son intention n’avoit esté de leur imposer ces conditions, et que celuy qui avoit faict la dépesche l’avoit mal conceue, dont S. M. les chargeoit d’avertir ses bons subjectz de la Religion qu’il leur accordoit la liberté de leurz synodes à l’accoutusmée ; pour l’assemblée politique, la leur permettoit de mesme, pour Juillet prochain, à Chastellerault ; seulement qu’il y feroit