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ne voulant touteffois en ce desservice, comme font, disoit-il, assés souvent les autres Princes, ensevelir ses services ; à quoy M. du Plessis fit responce qu’il avoit de l’obligation naturelle et civille à M. de la Trémouille, telle qu’en sy proche voisinage moins de hantise eust esté inimitié, mais qu’il l’avoit tousjours rendue subalterne à son devoir vers S. M., et qu’il y avoit paru aux effectz, et en paroistroit davantage s’il plaisoit à S. M. les approfondir, et plusieurs autres raisons là dessus. Le second estoit une plainte de S. M. de certaines bizarreries de ceux de la Religion, prenant ombrage de ses actions, mesmes de ce qu’Elle avoit des Jésuites près d’Elle, dont quelques mauvais espritz vouloient abuzer ; sur quoy respondit M. du Plessis qu’ilz auroient tort de s’en plaindre veu la profession que faict S. M., et pour certaines raisons qu’Elle réserve par devers Elle ; bien auroient ilz à craindre qu’ilz luy jettassent quelques mauvais conseilz en l’oreille ; mais par la fidélité qu’il luy devoit, ne luy pouvoit il dissimuler que ceux de la Religion généralement estoient esbahis des mémoires par son commandement envoyés aux provinces, qui leur imposoient des conditions nouvelles, onéreuses et infamantes, ce qu’aucun des feus Rois en plus dur[1] temps n’avoit jamais faict ; marques qu’il se déffîe d’eux, partant les hait et consequemment procurera leur ruine en temps et lieu, dont naissent des discours qui ne pourroient engendrer rien de bon ; et de ce ne falloit douter qu’au

  1. L’édition de M. Auguis, au contraire des deux manuscrits, porte : « en plus de temps, » ce qui n’a aucun sens.