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Quelques mois auparavant, il avoit faict son testament auquel il ordonnoit fort expresséement que ses enfans fussent nourris en la religion réformée et ne se mariassent[1] qu’à personnes de ceste profession ; et d’iceluy nommoit exécuteurs messieurs l’Electeur Palatin, Prince Maurice et duc de Bouillon, et M. du Plessis auquel, pour la proximité des lieux, il prioit d’en prendre la principale charge, ce qu’il fit volontiers, bien que pleine d’envie ; comme tost après il parut, assistant la ditte Dame sa veufve, de fois à autre, tant de consolations en ses douleurs que de conseil en ses perplexités, laquelle environ ung moys après fut surchargée de la perte de sa plus jeune fille, qui luy estoit fort chère, dont elle pensa estre accablée.

Peu d’heures avant la mort de M. de la Trémouille, sur le fort de son agonie, madame la Princesse de Condé sa seur, qui se trouvoit au pays pour faire razer le chasteau de Graon, à quoy elle avoit consenty pour quelque somme d’argent, sur l’advis qu’elle en eut passant à Saumur, s’achemina à Thouars, envoya prier madame sa belle sœur de luy envoyer son carosse pour relayer le sien. Ce message fut dur à ceste pauvre Dame qui vouloit tousjours espérer de la vie de son mary, et appréhendoit que ceste veüe ne luy amenast nouvelle convulsion, par ce mesme que son frère et elle n’estoient pas bien

  1. Deux enfants seulement survécurent assez pour se marier, Henri, duc de la Trémouille, et Charlotte, sa sœur, qui épousa le comte de Derby, et fut célèbre en Angleterre par sa fidélité et son courage dans la cause du roi Charles Ier pendant la guerre civile entre la couronne et le parlement.