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Plessis à Bommoy que, s’il n’y avoit amendement, elle le prieroit de le venir voir. Ne se passa pas long temps qu’un laquais qu’il tenoit près de luy pour, de fois à autre, en scavoir des nouvelles, luy vient toute la nuict avec lettres que, s’il avoit à le voir encor une fois vivant, il falloit qu’il se hastât, ce qu’il fit, prenant à l’instant la poste, et le trouva accablé d’un continuel assoupissement ; nonobstant lequel il le reconnut, le remercia et fit effort de luy faire connoistre la joie qu’il avoit de le voir, par diverz eslans de propos, courtz et à reprises, mais esquelz il montroit son jugement, les accourcissant selon la portée de ce qu’il pouvoit prononcer et néantmoins exprimant son sens. C’estoit en luy recommandant de continuer l’amityé qu’il luy avoit tesmoignée vers madame sa femme et ses enfants. Mais surtout négligeant tous autres discours qu’on luy tenoit, il recueilloit son esprit lors qu’on luy parloit de sa conscience et de l’autre vie, et respondoit toujours quelque période qui resentoit sa résolution à la mort, l’asseurance de sa foy en Christ, et le clair jugement qu’on luy avoit reconnu en sa santé. Le dernier mot qu’il dit à monsr du Plessis luy parlant de son salut fut cestuy cy. « Autres discours ne m’appartiennent plus que ceux cy, » le priant de les luy continuer. Il décéda donq en Dieu le [1] d’octobre, et a été reconnu depuis que Dieu l’avoit espargné, pour le danger qu’il couroit, soit allant, soit n’allant point à la court, et le progrès des affaires de M. de Bouillon esquelles il eust esté malaizé qu’il n’eust bien avant trampé.

  1. Claude de la Trémouille mourut le 25 octobre 1604.