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son refus on prendroit un plausible subject de luy oster sa charge de Navarre et ses estatz[1] puis qu’il ne les vouloit exercer à ce besoin. Il se résoult donq là dessus, pour s’en eschapper plus doucement, de faire sentir à quelques uns, particulièrement à M. de Villeroy, par les propos d’un tiers, les doutes qu’il pourroit faire, afin qu’ilz les fissent parvenir jusques au Roy, sçachant bien que ceux mesme qui se disoient plus ses amys ne prenoient pas plaisir, pour la profession qu’il faisoit, de le voir près de S. M., crainte qu’il ne s’y encrast[2] comme par le passé ; ce qui réussit sy à propos que S. M. se départit de la volonté de le mander, ne voulant estre refusée. Vint aussy son livre en lumière en ce propre temps, qui n’estoit pas pour haster ce rappel. Et d’abondant, le Roy d’Angleterre asseura le Roy, par l’envoy du chevalier Hay, qu’il ne feroit rien avec le Roy d’Hespagne au préjudice de leur traicté, dont l’alarme de ceste part fut rallentie,

En deux ans, 1603 et 1604, dont j’escrips cecy en Juillet, retirés en la maison de Bommois, deux lieues près de Saumur, que M. de Bommois nous a prestée à cause de la contagion qui nous a derechef contrainctz de nous eslongner de Saumur, se rencontrèrent diverses impatiences que monsr du Plessis ramenoit tousjours à raison tant qu’il pouvoit, quelque opinion qu’on taschât d’imprimer au Roy au contraire, n’ayant rien tant devant les yeux que de

  1. Ses places.
  2. L’édition de M. Auguis, au contraire des deux manuscrits, porte « Crainte qu’il ne s’y en creust. »