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toit suppliée très humblement de leur y laisser la mesme liberté qu’en tous autres articles de leur doctrine, selon ses édictz ; avec protestation que, s’il n’y fust allé de quelque circonstance, ilz eussent tasché de s’y accommoder, ce qu’ilz ne pouvoient là où il va de la substance de leur profession, cest article n’estant pas entre les moindres causes qui les ont fait séparer de l’Eglize romaine ; et néantmoins encore qu’il ne s’y fist mention de l’impression, parce qu’on jugeoit que la colère de S. M. estoit passée, estoit trouvé bon de la réserver en noz Eglizes françoises jusques au prochain synode national, sy S. M. continuoit à en faire instance.

Cependant, contre le dessein de M. du Plessis de faire voir à tous l’unanimité de noz Eglizes, M. Tillenus, professeur en théologie à Sedan, ayant publié des thèses de l’antechrist en suite de la décision de Gap, très bien dressées, et depuis oyant dire qu’aucuns, redoutant le courroux du Roy, eussent désiré qu’on n’y eust point touché, adjousta au bout d’icelles une apologie en laquelle il présupposoit une playe et comme un schisme prest à s’ouvrir entre noz Eglizes sur ce faict, pour la guérison duquel il seroit plus à propos de le publier que de s’en taire. Laquelle apologie il envoya à M. du Plessis, luy en demandant son advis ; mais le mal estoit qu’elle estoit jà imprimée en latin et couroit par le monde, dont il eut un extrême regret, premièrement parceque, grâces à Dieu, ceste playe n’estoit point ; secondement, parcequ’estant, elle eust deu estre pansée plus doucement, et cachée aux adversaires. Ce fut la cause qu’il luy en escrivit, luy remonstrans