Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/11

Cette page n’a pas encore été corrigée

auprès de l'amiral de Coligny. » Là il ouït souvent un cordelier qui, sous son habit, prêchait la vérité ; et dès lors il pris goût et commença à connaître les abus de l'Église romaine. Cela lui donna de grands débats en sa conscience, pour l'envie qu'il avait de s'instruire à chercher la vérité ; et d'autre part, il se voyait avancé en la cour et sur le point de recevoir des biens et honneurs lesquels il ne pouvait avoir ni espérer s'il faisait profession de la vérité, mais bien au contraire, être banni de France où les feux étaient allumés. Je lui ai souvent ouï dire que, sur ces difficultés et sur le choix qu'il devait faire des deux, il en avait été malade. Enfin il se résolut de quitter la messe et les abus et faire profession de la vérité. Et n'abandonna pas toutefois la cour ; et souvent lui et quelques zélés faisaient faire le prêche en la chambre de la Reine[1], mère du Roi, pendant son dîner, étant aidés à le faire par ses femems de chambre qui étaient de la religion[2].

Ce fut dans ce chaos des esprits et des événements, au milieu de toutes ces hésiations, fluc-

  1. Catherine de Médicis.
  2. Mémoire de Madame de Mornay, t. I, pages 48, 205, 50-52.