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il avoit résolu, avec madamoyselle sa mère et sa femme, d’aller passer le reste du mauvais temps en une terre qu’il avoit en Bourbonnois nommée Monverin. Monsieur du Plessis ayma mieux demeurer à Sedan, proche de l’Allemaigne où s’estoit retiré monseigneur le Prince de Condé, et d’où l’on attendoit une armée de reistres. Ainsy ilz se séparèrent, mais monsieur des Baunes, son jeune frère, ne voulut laisser monsieur du Plessis.

Tout cest hyver feu monsieur de Bouillon ne feit que languir et trainer, et c’estoit tout commun qu’il ne pouvoit reschapper, et qu’il avoit esté empoisonné au siége de la Rochelle. Cependant madame de Bouillon[1] sa mère, l’estoit venu voir et craingnoit on fort que survenant la mort de monsieur de Bouillon, son fils, elle se saisist du chasteau de Sedan, attendu mesmes que plusieurs avoient mauvaise opinion du sieur des Avelles qui en estoit gouverneur. L’Eglize de Sedan estoit belle pour le nombre des réfugiés ; monsieur du Plessis qui en prévoyoit avec beaucoup de gens de bien la dissipation, après avoir tenté divers moyens, s’aviza d’en communiquer avec le sieur de Verdavayne, mon hoste, médecin de mon dit Seigneur de Bouillon, homme fort religieux et zélé. Ils prinrent résolution que le sieur de Verdavayne déclareroit à madame de Bouillon, qui estoit lors en couche, l’extrême maladie de monsieur de Bouillon, son mary, et le danger qu’il y avoit, au cas qu’il pleust à Dieu de l’appeller, que madame sa belle mère qui estoit fort contraire à la

  1. Françoise de Brézé, comtesse de Maulevrier.