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tint la porte du costé de Rhony ouverte, et monsieur du Plessis se trouva à celle du Pont entre cinq et six heures du matin ; mais le sieur de Guitry ne peut arriver qu’à huit heures, et n’avoit environ que quarente chevaux, plusieurs l’ayans quitté au rendez vous ; quand ils virent que mon dit seigneur ne s’y trouvoit point, et ayant fait ung tour par la ville, la quitta et se retira en Normandie. Monsieur de Buhy s’y conduit sy prudemment que pour l’heure on ne s’apperceut de rien de sa part, de sorte qu’il en sortit le mesme jour assez doucement, soubs ombre de porter la nouvelle à la court de ce qui s’estoit passé, sans que le peuple se doutast de luy, car il faisoit entendre que monsr de Guitry avoit une vieille querelle à luy, comme de fait autreffois ilz en avoient eu ensemble. Monsieur du Plessis prit son chemin vers Chantilly, maison de monsieur de Montmorency, où ilz se rencontrèrent ; monsieur de Buhy ne vouloit aisément quitter sa maison, se fondant sur certaines lettres que le Roy et la Royne luy avoient escrit, louans le bon devoir qu’il avoit fait en la conservation de la place de Mantes. Monsieur du Plessis luy remonstroit que ceste feincte ne pouvoit durer que quattre jours et que la vérité s’en descouvriroit sans doute, dont il se trouveroit en pêne ; tellement qu’ilz prirent leur chemin vers Sedan, passans chez monsr de Conflans, leur allié, père du Vicomte d’Auchy, lequel leur ouvrit volontairement sa bouette, en laquelle ils prirent deux cens escus, n’ayant peu passer chez eux pour prendre argent ; mais arrivés à Sedan, pour ne faire pêne à feu monsieur le Duc de Bouillon qui vouloit encor temporizer, ilz se retirè-