Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire compaignie en ce voyage, ce que monsr l’Amiral ne luy conseilla pas, et s’en alla à Paris, où il eut nouvelles de la mort du feu Roy Francoys son maistre qui le délivra de beaucoup de peines, aussy bien que plusieurs autres. Comme les premiers troubles survinrent, il avoit esté envoyé par le feu Roy Charles vers monsr[1] de Lorraine et monsr de Savoye[2] qui tous deux luy faisoient parler d’estre leur domestique qet prendre leur service ; mesmement M. de Savoye qui luy faisoit de très grandes offres, d’autant qu’il le tenoit pour capitaine, soit pour déffendre ou pour assaillir, et pour s’entendre aux fortifications des places. Revenu qu’il fut en court vers le Roy et la Royne sa mère, il trouva que monseigneur le Prince s’estoit retiré et saisy d’Orléans, et après avoir rendu compte de son voyage fut commandé de la Royne mère du Roy d’aller trouver monseigneur le Prince, et l’asseurer de sa bonne volonté vers luy et ses affaires, le priant, durant la jeunesse de son filz, d’estre protecteur de la mère et de l’enfant, à l’encontre de messieurs de Guise. Il fut, suivant ce commandement, trouver monseigneur le Prince qui l’honora de Testât de premier mareschal de camp en son armée, où il s’en acquitta avec beaucoup de louange. Il fut aussy durant le siège d’Orléans dans la ville, emploie tant aux fortifications qu’autres charges, et ceux qui y estoient recongnoissoient que sa dextérité et diligence avoit esté cause de la plus grand part de ce qui s’y estoit bien fait. Durant ces troubles et à la

  1. Charles de Lorraine, né en 1543, épousa la fille de Henri II, Claude de France ; il mourut en 1608.
  2. Emmanuel Philibert, duc de Savoie, dit Tête de fer.