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rency[1] mais irrésolu et froid au possible, et non sans subject. Il l’avoit retenu un jour, espérant que le Roy n’advoueroit le meurtre de monsr l’Amiral et rézolu en ce cas d’en poursuivre la vengeance. Mais sur la nouvelle qu’il eut du contraire, il se résolut de ployer du tout soubz la volonté du Roy. Pourtant, il prend son chemin droit à Buhy, leur maison paternelle, sur ung petit cheval que mon dit Seigneur de Montmorency lui presta, et alla coucher à Yury le Temple où il arriva fort harassé et trempé. C’estoit le jeudy après le jour St  Barthélemy, que le temps vers le soir fut fort estrange, (et durant lequel plusieurs s’eschapèrent de Paris). L’heure du soupper, aucuns qui estoient logez au mesme logis entrent en sa chambre, et disoient en blasphémant qu’il y avoit ung huguenot près d’eux qui devoit avoir belle peur, et l’entendoient de luy par soupçon ; mais ne leur tenant aucun propos, ou le détournant ailleurs, comme s’il n’y eut pris garde, cela se passa légèrement et se retirèrent de sa chambre. Le lendemain partit pour Buhy, et en chemin échappa à la rencontre du Borgne de Montafié et de sa troupe qui avoit couru tout le Vexin Françoys et mesmes enmené prisonniers quelques gentilshommes voisins. Et ce par la rencontre que Dieu luy envoya d’une vieille damoyselle nommée Dessaux, qui avoit servy madamoyselle de Buhy, sa mère, qu’ung paysant de Buhy conduisoit, lequel il reconnut et le paysant luy. Il luy dit qu’il se donnast garde, et que non

  1. Le maréchal de Montmorency, fils aîné du Connétable et de Madeleine de Savoie de Tende.