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pagnolz, veu leur perfidie ; lesquelles ne furent sans fruit ; elles furent envoyées à monsieur le prince d’Orange lors à Dillembourg, lequel touteffois il ne vit pas de huit ans après ; et dès lors de tout ce qui se négotioit pour les ditz pays, on se fioit tout en luy. Il passa cest hyver en la lecture du droit Canon et des anciens docteurs, en diverses conférences pour la Religion, et en divers discours par escrit, qui pour la pluspart sont entre les mains du dit Metel, dont je n’ay peu les retirer. Il avoit remarqué toutes les fausses allégations du dit Canon, ce qui se perdit à la St Barthélémy, à Paris. Aussy avoit fait ung comentaires sur les loix Saliques et Ripuaires qui se pourroit encorres recouvrer ès mains de Métellus, auquel il expliquoit tous les motz estranges ou plus tost non Latins qui s’y trouvent. Au printemps de l’an 72, il s’achemina aux Païs Bas, où il rechercha fort curieusement Testât du pais, trouvant moyen d’entrer ès châteaux et guarnisons, etc., parce qu’il sembloit que le Roy Charles se voulust embarquer en la guerre[1] contre le Roy d’Hespagne. De là passa (non sans grand danger), jusques en Angleterre au temps que Montz fut pris, duquel la prise avoit esmeu tout le pais, où peu après arrivèrent feu monsieur de Montmorency et monsieur de Foix pour jurer la ligue entre le feu Roy Charles et la Royne d’Angleterre. Il avoit fait ung poëme pour la ditte

  1. C’était le moment du retour de faveur de Coligny auprès du roi Charles IX, retour qui effraya si fort la reine mère et le duc d’Anjou qu’ils résolurent de se défaire de l’amiral, ce qu’ils tentèrent peu après sans succès. Cet échec les décida à la Saint-Barthélémy, afin de se débarrasser à tout prix d’une influence redoutable auprès du roi.