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de l’Eglize visible, de laquelle il ne pensoit estre licite de se départir, pour quelque abus que ce fust ; cela donna occasion à monsieur du Plessis de le prier de luy donner ses principaux fondemens par escrit, lesquelz il réfuta par ung petit escrit latin qui fut appelé par ceux de Coulongne, Scriptum Triduanum, et coula es mains de plusieurs, et touteffois ne fut imprimé. Le dit Ximenès demanda temps pour y respondre, ce qu’il n’a fait depuis, encorres qu’il en ayt esté fort solicité par ses amys. Là aussy il congnut Charles de Boisot, depuis Guouverneur de Zeelande, et son frère, depuis Amiral du dit pais où ils ont esté tenus en bonne et notable réputation. Aussy les sieurs de Rhumen, de Mansard, d’Ohaim, etc., y réfugiés pour les persécutions et feus allumés contre ceux de la Religion ès Païs Bas ; il congnut aussy ung docte homme, Bourguignon de la Conté, nommé Metellus, chassé, non pour la religion dont il ne fait profession, mais pour la haine du cardinal de Granvelle. La hantise de ses gens luy donna entrée aux affaires des Païs-Bas, qui peu après commencèrent à s’esmouvoir par la prise de la Briele, Flexingue, Camfer, et surtout par la perfidie commise par les Hespagnolz à Rotterdam[1], sur laquelle monsieur du Plessis fit deux remontrances l’une après l’aultre, qui furent semées ès deux langues Flamande et Francoyse partons les Pays bas ; l’une pour les induyre à refuser guarnison, etc. ; l’aultre, après leur refus, pour leur monstrer combien peu ilz se pouvoient fier aux Hes-

  1. Il s’agit ici des massacres commis en 1671 par les Espagnols à Rotterdam qui s’était rendu.